16 octobre 1909 : faire du neuf avec de l’ancien
Ferruccio Busoni, l’un des plus grands pianistes de son temps, compose une partition un peu curieuse : une suite pianistique d’une grande complexité, comme une histoire originale de la musique. C’était il y a très exactement 112 ans.
Ferruccio Busoni, l’un des plus grands pianistes de son temps, entreprend durant l’été 1909 une partition un peu curieuse. Il y voit un « palimpseste », ce document déjà utilisé sur lequel on écrit quelque chose de nouveau. C’est exactement le principe de cette suite pianistique intitulée An die Jugend (à la jeunesse), Busoni ayant certes des ascendances italiennes mais ayant surtout vécu en Allemagne.
N’allez pas croire qu’il s’agit d’un album pour la jeunesse, avec quelques exercices pour pianistes débutants ! Il faut avoir de nombreuses heures de vol pour jouer cette œuvre, qui en fait s’adresse à la jeunesse comme pour lui montrer les trésors du passé et lui montrer le chemin de l’avenir.
Busoni alterne donc morceaux originaux et transcriptions. La partition débute par un « Preludietto, fughetta ed esercizio » (dommage qu’il n’ait pas dit esercizietto), très séduisant et original, avant de plonger dans l’histoire du piano : « Preludio, fuga e fuga figurata » est évidemment directement inspiré (ça s’entend !) par le fameux Prélude et fugue du Clavier bien tempéré de Bach, qui est fondu dans un mélange étourdissant. Suivent « Giga, Boléro e variazione », d’après Mozart, le boléro étant directement transcrit des Noces de Figaro, avant de laisser revenir une gigue endiablée.
Enfin, une « Introduzione e capriccio paganinesco » nous emmène au XIXe siècle. L’introduction est écrite pour la main gauche, et est tirée du caprice n°11 de Paganini. Le capriccio vient du n°15 et un « Epilogo » magnifique, totalement original et comme suspendu nous emmène vers une fin de voyage radieuse et apaisée.
C’est dense, complexe, très technique, mais on s’y laisse bien prendre.