16 janvier 1800 : Luigi Cherubini fait la fronde
Instant classique – 16 janvier 1800… 218 ans jour pour jour. Au Théâtre Feydeau, à Paris, on crée Le porteur d’eau, ou les deux journées de Luigi Cherubini, florentin qui a passé presque toute sa vie d’adulte en France, où il est resté directeur du Conservatoire prenant 20 ans et a eu droit à des funérailles nationales. Auteur immortel de Médée, le sombre italien a composé de très nombreux opéras et beaucoup de musique religieuse, avec plusieurs Requiem, dont un qu’il se destinait à lui-même.
On l’a beaucoup oublié, mais Haydn lui donné du « mon fils bien-aimé » et Beethoven le considérait comme « le premier parmi les contemporains ».
Le Porteur d’eau, son 4e opéra important, était considéré comme un chef-d’œuvre, en particulier pour son livret (chose rare à l’opéra), écrit par Jean-Nicolas Bouilly. Beethoven et Goethe (l’ouvrage a eu beaucoup de succès en Allemagne) qualifiaient d’idéal ce livret qui raconte l’histoire, pendant la Fronde, d’un comte disgracié par Mazarin, qui s’échappe de Paris dans la charrette d’un porteur d’eau, Daniel Michéli, auquel il avait autrefois sauvé la vie. Après bien des péripéties en tous genres, les deux sont capturés mais au tout dernier moment avant leur exécution, on porte le document royal qui gracie le comte et tout finit bien.
L’opéra, qui a été beaucoup joué (notamment sous la direction de Gustav Mahler), est peu à peu tombé dans l’oubli. Seule son ouverture, ici rondement menée, est parfois reprise et était elle aussi considérée comme un chef-d’œuvre en soi : Mendelssohn disait que les premiers accords de l’ouverture valaient mieux que tout le répertoire lyrique berlinois.
Cédric MANUEL
Photographie de Une – Portrait de Luigi Cherubini par Dominique Ingres (Cincinnati Art Museum, 1841, détails)