16 février 1848 : Chopin, Paris dernière
Instant classique – 16 février 1848… 172 ans jour pour jour. Quelques jours avant que la monarchie de Juillet ne laisse la place à la IIème République, Frédéric Chopin organise un grand concert dans les salons Pleyel, 20 rue Rochechouart à Paris 9e (l’immeuble qui s’y trouve aujourd’hui n’est plus le même).
À 20h15, heure qui figure sur l’invitation à cette soirée de Monsieur Chopin, on se presse. Le programme est en deux parties : en première partie, un trio de Mozart que joueront Chopin, Allard au violon et Franchomme au violoncelle, deux airs chantés par Mlle Molina di Mendi et plusieurs pièces pour piano de Chopin (barcarolle, nocturne, études, berceuse) ; en seconde partie, un air tiré de Robert le Diable de Meyerbeer, chanté par le ténor Gustave Roger, quelques préludes mazurkas et valses ainsi que les trois derniers mouvements de la sonate pour piano et violoncelle.
Cette sonate est la dernière œuvre publiée du vivant de Chopin. Ce dernier l’avait composée entre 1845 et 1846, avec beaucoup de difficultés, écrivant à sa sœur : « J’écris un peu et je raye beaucoup. » Il dédie son œuvre au violoncelliste Franchomme, qui la joue ce soir-là avec lui au piano. Mais Chopin est déjà très malade et se pense dépassé. Il ne se sent pas de jouer le premier mouvement de la sonate, qui est très difficile et plus long que les trois autres réunis. C’est pourquoi le programme ne mentionne que les scherzo, largo et finale.
Ce concert est entré dans la légende et figure parmi les grandes dates de l’histoire de la musique. Un second devait être donné le 10 mars, mais la révolution l’empêchera. Le 4, il rencontre pour la dernière fois, par hasard, George Sand, puis part pour un long voyage en Angleterre et en Écosse pour une série de concerts qui achèveront de l’épuiser. De retour à Paris, en novembre 1848, il ne donnera plus aucun concert public avant sa mort, au 12 place Vendôme, moins d’un an plus tard.
Voici la sonate intégrale, et pour une telle œuvre, il ne fallait pas moins que Rostro et Martha…