15 octobre 1905 : Debussy prend la houle
Instant classique – 15 octobre 1905… 113 années jour pour jour. C’est en Bourgogne, assez loin de la moindre plage, que Claude Debussy commence à écrire ce qui deviendra sa plus célèbre partition.
Nous sommes à la fin de l’été 1903 et il fait alors appel à ce qu’il nomme « d’innombrables souvenirs ». L’année suivante, il part s’installer au milieu de son sujet, à Jersey, puis à Dieppe. La partition lui demande mille efforts et il ne l’achève qu’en mars 1905.
Il faut attendre plus de six mois pour que l’œuvre soit créée à Paris, par les Concerts Lamoureux, dirigés par Camille Chevillard. Las, le chef ne semble pas particulièrement à l’aise avec la nouvelle œuvre et le concert est un échec. Le public est glacial et la critique tempête, cherchant dans ces notes la mer comme Soubise cherchait son armée. C’est dire si les critiques n’ont pas toujours l’oreille affutée.
Mais l’orageux Debussy n’en restera pas là et dirigera lui-même (alors qu’il était un chef d’orchestre calamiteux) la seconde audition de son œuvre en 1908. Cette fois, c’est un immense succès et ces « trois esquisses symphoniques » ne quitteront plus le répertoire.
Il faut beaucoup de finesse, de précision et une science très poussée des équilibres et des nuances pour réussir cette œuvre complexe. Pas un chef ni un orchestre qui n’ait essayé. Parmi eux, dans les derniers enregistrements de l’œuvre, voici Claudio Abbado, avec l’orchestre des jeunes Gustav Mahler (en public… où l’on entend que les tuberculeux, entre les mouvements, ne sont pas l’apanage de l’insupportable public français, surtout s’il s’agit bien, comme je le crois, du fameux concert donné lors du festival de Lucerne en 2002, l’un des enregistrements de référence de l’œuvre).
Splendeur et clarté des timbres, c’est bien la mer et ses mille couleurs.
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »
