15 novembre 1859 : ouverture pour un vieux fou
Si Le roi Lear a excité l’imagination des compositeurs, rares sont ceux qui ont mené leur entreprise jusqu’au bout, la plupart se contentant d’extraits. Mais quels extraits ! Il faut écouter la remarquable ouverture de Mily Balakirev, créée il y a 162 ans aujourd’hui.
Le roi Lear a bien souvent excité l’imagination des compositeurs, dont beaucoup ont voulu adapter la pièce pour l’opéra. Deux sont allés jusqu’au bout, et notamment Aribert Reimann avec son Lear en 1978.
Plusieurs autres ne se sont pas aventurés aussi loin : Berlioz n’a fait qu’une ouverture de concert et Verdi, qui rêvait d’écrire un opéra sur cette pièce, en est resté à un livret insatisfaisant sans oser écrire la musique. D’autres enfin ont plutôt réalisé des musiques de scène pour la pièce originale : Debussy ou encore Chostakovitch en font partie.
Mais avant eux, le compositeur russe, et chef autoproclamé du Groupe des Cinq, Mily Balakirev s’était attelé lui aussi à une musique de scène pour une représentation de la pièce à Saint Pétersbourg en 1858. Mais seule l’ouverture est créée voici cent soixante-deux ans, et la musique de scène dans son ensemble ne sera reprise et exécutée que presque cinquante ans plus tard.
De toute façon, c’est l’ouverture, très remarquable qui est restée, exposant plusieurs thèmes durant ses onze minutes : le roi, Regan, Goneril puis la douce Cordelia. Après des échos de tempête, on entend à nouveau au violon le thème du roi qui s’éteint doucement.
L’orchestre très russe (les cuivres acides sont très reconnaissables) est ici dirigé par Evgeny Svetlanov, qui s’y entendait en machines orchestrales impressionnantes.
Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »