15 juin 1891 : César Franck et ses modestes béatitudes
Instant classique – 15 juin 1891… 127 années jour pour jour. César Franck (1822-1890) était lui-même parti retrouver on ne sait qui on ne sait où lorsque sa grande œuvre sacrée, Les Béatitudes, furent créées à Dijon ce 15 juin 1891, près de huit mois après sa mort.
Il avait réalisé quelques œuvres religieuses et un oratorio important lorsqu’il avait une vingtaine d’années, et qui s’appelait Ruth. Il ne revint au genre que vingt-cinq ans plus tard, à partir de 1869, car il voulait écrire une œuvre à partir du « Sermon sur la montagne », tiré du Nouveau Testament (Mt 5-7).
Il décida ensuite de composer un nouvel oratorio sur les huit béatitudes du Christ. Il ne savait pas encore que ça lui prendrait dix ans. Il confia le livret commentant les paroles du Christ (c’est un ténor qui fait office de récitant et un baryton qui incarne le Christ) à l’épouse d’un professeur de lycée, Mme Colomb, dont les vers ne sont pas inoubliables. La composition fut très erratique et ne s’acheva qu’en 1879. Pourtant, Franck, qui vécut encore 11 ans, ne l’entendit jamais dans son intégralité.
Partition très (trop ?) longue, parfois inégale, elle ne manque cependant pas de moments de grâce. Comme cette 4e Béatitude (« Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice »), qui fut achevée le 3 septembre 1870, le lendemain même du désastre de Sedan et la veille de la chute de l’Empire ; il faut préciser que César Franck était lui-même liégeois, fils d’un banquier wallon et d’une mère allemande, mais s’était installé à Paris très tôt. Il sera naturalisé français à 51 ans.
Malgré ses défauts, Les Béatitudes sont considérées comme l’un des grands chefs-d’œuvre de César Franck, y compris par lui-même : « on n’a jamais mieux écrit ! », s’exclama-t-il en achevant sa partition. Béat (et modeste) avec ça !
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Rubrique : « Le saviez-vous ? »
Photographie de Une – Église du Mont des Béatitudes en Israël