14 avril 1883 : Lakmé, la grande sœur indienne de Madama Butterfly
Instant classique – 14 avril 1883… 135 années jour pour jour. Les librettistes Edmond Gondinet et Philippe Gille ont puisé dans l’œuvre de Pierre Loti (Le mariage de Loti) et sur des écrits de voyage de Théodore Pavie en Inde pour imaginer ce drame en pleine mode orientaliste.
Ils construisent une intrigue dont la matrice servira aussi de base à Madama Butterfly, une vingtaine d’années plus tard : la pauvre fille du brahmane Nilakantha aime un bel officier anglais et tout finit mal, du grand classique à l’opéra.
La création de Lakmé, ce 14 avril 1883, à l’Opéra-Comique, avec la star Maria van Zandt, est un triomphe mémorable. Mais il faut dire qu’on n’a pas lésiné sur les moyens, la production se révélant d’un luxe qui ferait aujourd’hui tourner l’œil de la Cour des comptes.
En moins de 50 ans, on compte 1 000 reprises de l’opéra, seule œuvre lyrique de Léo Delibes passée à la postérité ; elle est néanmoins victime, assez rapidement, d’une réputation de vulgarité qui fait partie des grandes injustices de l’histoire de l’art lyrique.
Peu à peu repris ces dernières années (Natalie Dessay, Diana Damrau, Sabine Devieilhe…), l’œuvre contient des trésors qui font beaucoup penser à Bizet. L’air des clochettes et ses acrobaties est l’un des seuls fréquemment donné en récital ; mais ce duetto des fleurs, au début du premier acte, est un chef-d’œuvre de sensualité et de délicatesse, interprété ici par deux étoiles montantes du chant français, Sabine Devieilhe et Marianne Crebassa. Magnifique.
À chaque jour son instant classique !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »