13 septembre 1807 : l’autre messe de Beethoven
Instant classique – 13 septembre 1807… 212 ans jour pour jour. C’est le prince Nicolas II Esterhazy, protecteur et employeur de Haydn — lequel ne composait pour ainsi dire plus —, qui commande à la fin de l’année 1806 une messe à Ludwig van Beethoven, pour la fête annuelle organisée à Eisenstadt en l’honneur de la princesse Marie Hermenegild, l’épouse du prince.
On l’a vu il y a quelques jours, il s’agit de la même occasion qui avait conduit Joseph Haydn à composer ses six dernières messes entre 1796 et 1802. Peut-être conseillé par Haydn, le prince se tourne donc vers Beethoven pour celle de 1807, en attendant beaucoup de l’œuvre à venir. Beethoven n’est pas particulièrement à l’aise. Le voisinage de Haydn, avec qui il entretient des relations ambivalentes, l’inhibe quelque peu. Il prend du retard et envoie un certificat médical au prince pour se justifier. Finalement, il arrive à Eisenstadt quelques jours avant la création de l’œuvre, qu’il dirige lui-même il y a tout juste 212 ans.
Las ! D’après le biographe du compositeur, Schindler, le prince le reçoit assez froidement après le concert : « Mais, mon cher Beethoven, qu’avez-vous donc fait là ? »… Vous voyez le genre de remerciement… Ajoutez à cela que le compositeur Hummel, auteur lui-même d’une messe pour la même circonstance quelques années auparavant et qui assiste à la scène, se met à rire et il n’en faut pas plus à Beethoven pour tourner les talons. Le prince s’était pourtant montré particulièrement maître de lui-même. Quelques jours plus tard, il écrit en effet à une de ses amies : « La messe de Beethoven est insupportablement ridicule et détestable, je ne suis pas convaincu qu’elle puisse même paraître honnêtement : j’en suis coléré (sic) et honteux. »
Du coup, Beethoven dédicacera sa messe à un autre prince, Kinsky quelques années plus tard. Mais en réalité, cette messe, considérée comme mineure dans la production de Beethoven, ne séduira jamais grand monde. Et pourtant, écoutez son Agnus dei et la conclusion douce de la messe. C’est peut-être du Beethoven secondaire, mais du Beethoven secondaire, ça suffit à écraser bien des compositeurs scribouillards…
Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »