13 janvier 1945 : la grande victoire de Sergueï Prokofiev
13 janvier 1945… 73 ans jour pour jour. À Moscou, ce jour là, le compositeur Sergueï Prokofiev dirige lui-même sa 5e symphonie, écrite en 1944, et imprégnée d’un souffle épique qui sent déjà la victoire prochaine de l’Armée rouge sur l’Allemagne. Un optimisme forcené parcourt toute la symphonie, que Prokofiev décrivait (modestement…) comme « l’expression de la grandeur de l’esprit humain ».
Le hasard a d’ailleurs voulu que ce même jour, les échos d’une nouvelle victoire militaire fussent parvenus aux Moscovites, rendant la création d’autant plus triomphale. Il faut dire que depuis plusieurs années, Prokofiev était aux ordres du régime stalinien, interdit de sortie du territoire soviétique et contraint de livrer des œuvres « officielles » rompant un peu avec les audaces des années 20-30.
Pour autant, cette symphonie se hisse au 1er rang des très grands chefs-d’œuvre de son auteur. Ce n’est pas un hasard non plus si, comme la 1ère symphonie « classique », elle est restée très populaire. C’est d’ailleurs particulièrement le cas de son second mouvement, « allegro marcato », qui reprend (on le reconnaît d’ailleurs immédiatement) un thème utilisé par Sergueï Prokofiev dans son fameux ballet Roméo et Juliette, composé 10 ans plus tôt.
Malgré son âpreté et ses quelques dissonances très caractéristiques de l’œuvre du compositeur, le mouvement est irrésistible par son élan, son invention, son dynamisme. Puisque le matériau est le même que celui de Roméo et Juliette, j’ai choisi ici une version dirigée à la vitesse d’un cheval au galop par Lorin Maazel, qui a signé avec le même orchestre, à Cleveland, l’une des meilleures interprétations dudit ballet, et qui en retrouve tout l’esprit ici.