12 novembre 1824 : une sonate de Schubert pour l’automne
Instant classique – 12 novembre 1824… 194 années jour pour jour. On ne sait pas exactement si c’est bien le 12 novembre 1824 que Franz Schubert a écrit l’une de ses œuvres les plus célèbres (notamment le thème des toutes premières mesures, pleines de tendresse et de mélancolie), la sonate dite « Arpeggione », classée D824, mais publiée bien plus tard.
On ne le sait pas car la partition est particulièrement peu soignée, ce qui signifie que Schubert l’a écrite très vite. En revanche, il est certain que c’était bien en novembre.
D’où vient donc son nom ? C’est un luthier viennois, Staufer, qui avait créé l’année auparavant un instrument entre le violon et la guitare (parce qu’il avait six cordes), baptisé « Arpeggione » ou « guitare-violoncelle » ou même « guitare-amour ». Or, Franz Schubert, sur la partition, a très distinctement écrit ce terme. C’est l’un des premiers virtuoses de ce nouvel instrument, Vincent Schuster, qui passe commande à Schubert d’une œuvre écrite pour lui, afin de promouvoir ce nouvel objet. On sait que cette sonate sera créée avant la fin de 1824 chez Schuster, avec Schubert au piano.
En trois mouvements, elle met en valeur cet instrument, qui n’a pas vraiment survécu et qui est remplacé aujourd’hui par le violoncelle. On ne s’en plaindra pas tant cette petite œuvre est belle.
À écouter par temps frais et pluvieux, avec un bon café, un thé ou un chocolat chaud. Vous serez bien accompagnés, par ailleurs, car il s’agit d’une version qui réunit rien moins que Rostropovitch et Benjamin Britten au piano. Ces deux-là ont laissé des enregistrements de la musique de chambre de Schubert à tomber par terre, telle une feuille morte : doucement, légèrement, irrémédiablement.