12 janvier 1885 : Tchaïkovsky mélancolique ? Pléonasme !
Instant classique – 12 janvier 1885… 134 années jour pour jour. Piotr Ilitch Tchaïkovsky a à peine terminé sa seconde suite pour orchestre qu’il en met en chantier une troisième, écrite en 3 mois durant le printemps et le début de l’été 1885.
Il la dédie à Max Erdmansdörfer (à vos souhaits), chef d’orchestre qui avait créé sa suite n°2 en l’absence du compositeur, ce qui avait beaucoup vexé le chef. Dans cette œuvre un peu disparate, comme le sont souvent les suites pour orchestre, on perçoit un fil rouge un peu féérique et même franchement magique (le scherzo – souvenez vous de ce que ce petit article disait hier : avant-dernier mouvement – en est l’un des exemples les plus significatifs).
Mais dans le second mouvement de sa suite, Tchaïkovsky ne peut pas s’empêcher de faire du Tchaïkovsky. Après tout, c’est pour ça qu’on l’adore. Et il met donc une valse « mélancolique », qui lui a coûté sang et eau. C’est sûr que, si vous invitez quelqu’un à danser là-dessus, il ou elle va croire que vous allez plutôt lui annoncer une rupture… Et pourtant, elle est belle, cette valse désabusée, languissante, hésitante… mélancolique. Je l’écouterais des heures.
Le concert du 12 janvier 1885, sous la direction d’Hans von Bülow à Saint-Pétersbourg, fut l’un des triomphes les plus retentissants de la vie de Tchaïkovsky. Laissons-lui donc la parole pour conclure, dans une lettre à Mme von Meck : « un sentiment secret me disait que ma suite devait plaire au public et le toucher profondément. Je m’en réjouissais et m’en inquiétais tout à la fois. Mais la réalité a largement dépassé mes espoirs. Je n’avais encore jamais connu de pareil triomphe. Je voyais que la masse du public était bouleversée et reconnaissante. Ces instants sont la meilleure récompense de la vie d’un artiste. Ils valent la peine qu’on vive et qu’on se donne du mal. »
Sacré Piotr, toujours le mot pour rire !