11 novembre 1890 : vous aimerez Brahms
Huit ans après le précédent, le second quintette à cordes de Brahms est créé à Vienne il y a 131 ans jour pour jour : un grand chef-d’œuvre de la musique de chambre, dont l’adagio à lui seul ferait fondre les pierres.
Johannes Brahms se trouve comme presque tous les étés à Bad Ischl, en Haute-Autriche, lorsqu’il compose son second quintette à cordes, huit ans après le premier. Comme ce dernier, le quintette ajoute un alto au quatuor classique. Il pense, à cinquante-sept ans, qu’il s’agit de sa dernière partition. Il dit à un ami qu’il en a assez fait et qu’il a devant lui une paisible retraite dont il veut profiter. Fort heureusement, ce n’est pas le cas, car il rencontre le plus grand clarinettiste de son époque, qui lui donne envie de se remettre à l’ouvrage.
En quatre mouvements traditionnels, le quintette ne plaît pas à son entourage immédiat. On lui reproche d’accorder une place trop importante à l’un des deux altos, instrument peu populaire que Brahms aime pourtant beaucoup.
Son ami – certains diraient affidé – Eduard Hanslick, fameux critique très redouté, accueille quant à lui fort bien la nouvelle partition : « Pour ce qui est du sentiment et de la matière musicale, le Quintette a tout à fait les mêmes caractères que les dernières œuvres dans lesquelles nous avons eu plaisir à louer la généreuse et splendide solidité de facture, l’intensité expressive et l’admirable concision de la forme. »
Hanslick relève par ailleurs que Brahms a alors peu ou prou le même âge que Beethoven lorsque le compositeur bougon a écrit ses derniers quatuors. Mais là où Beethoven était très pessimiste dans ces œuvres tardives, Brahms, qui ne sait pas encore qu’il est lui aussi au soir de sa vie, fait éclater une lumière sereine et presque joyeuse.
Voici ce grand chef-d’œuvre de la musique de chambre, créé à Vienne voici juste cent trente-et-un ans et dont l’adagio à lui seul ferait fondre les pierres, par le délicat Quatuor Amadeus et l’artiste Cecil Aronowitz en 1967.
Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »