11 mars 1830 : Vincenzo Bellini adepte du recyclage
Instant classique – 11 mars 1830… 188 années jour pour jour. Cette fois, Vincenzo Bellini n’avait pas eu le temps d’inventer des airs nouveaux… tout comme son librettiste Felice Romani n’avait pas eu le temps de faire un autre livret !
Comme Vincenzo Bellini, après l’échec de son Zaira, s’était engagé à faire un nouvel opéra en sept petites semaines, il fallait faire avec les moyens du bord. Alors Felice Romani recycla son livret rédigé pour un autre compositeur, Nicola Vaccai, quelques années plus tôt, intitulé Giulietta e Romeo. Et Bellini reprit sans sourciller des pages entières de ce Zaira déjà oublié. Vitesse et précipitation donc, jusqu’à la création à Venise de I Capuletti e i Montecchi, ce 11 mars 1830, qui casse pourtant la baraque…
Il y a bien peu de William Shakespeare dans cette adaptation qui n’en est pas une, mais qui revient plutôt aux sources de cette légende italienne ; Skakespeare s’était notamment inspiré de la nouvelle de Matteo (Matthieu) Bandello, écrivain italien et évêque d’Agen, au XVe siècle.
Donc, ici, l’essentiel de ce qu’on connaît chez Shakespeare (le balcon, pas frère Laurent qui est ici médecin, Roméo a déjà tué un Capulet, etc) a déjà eu lieu avant que l’opéra de Bellini ne commence ! Mais il y a quand même le tombeau final, le filtre de Laurent, etc.
Cet extrait du finale de l’acte I, dont l’ensemble conclusif (à partir de 6’25 » dans l’extrait) est très caractéristique des ouvrages de Bellini, a précisément été puisé dans ce Zaira oublié.
On y entend un chœur de voix graves syncopé autour duquel oscille une superbe mélodie typiquement bellinienne des deux amants, puisque le rôle de Roméo est travesti et généralement chanté par un(e) mezzo – c’est la légendaire Giuditta Grisi qui a créé le rôle en 1830.
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