11 janvier 1929 : Au commencement était un Requiem paysan de Szymanowski
Instant classique – 11 janvier 1929… 90 années jour pour jour. Le grand compositeur polonais Karol Szymanowski reçoit en 1924 de la princesse de Polignac (il a vécu quelques temps à Paris) la commande d’une œuvre pour solistes, chœur et orchestre.
Il pense d’abord à faire un Requiem dédié à la terre et à ses travailleurs, sur la base de poèmes de son ami, le poète Jarosław Iwaszkiewicz. Après quelques péripéties autour du texte, le compositeur trouve le bon chemin pour construire son œuvre. Il souhaite recourir au vaste matériau folklorique polonais, mais aussi bien sûr à la musique religieuse, en particulier celle de la Renaissance.
Quelques mois plus tard, un riche industriel perd sa femme et commande un Requiem à Karol Szymanowski, qui lui propose son “Requiem paysan”. Puis c’est sa propre nièce qui disparaît, le laissant prostré. Finalement, il s’oriente vers un “Stabat Mater”, établi formellement à la mémoire de l’épouse de l’industriel.
Achevé au printemps 1926, il n’est créé que ce 11 janvier 1929 à Varsovie. Ce Stabat Mater est l’une des œuvres phares de Szymanowski, profondément humaine, très expressive, recueillie, douloureuse, avec un effectif modéré. Peu de déchainements orchestraux, pas de grands cris d’effroi, pas de déchirure. Partout de la lumière et de l’espoir, du mystère, de la transparence et, finalement, du silence.
Un chef-d’oeuvre de délicatesse qui en fait l’un des monuments de la musique sacrée du XXe siècle, loin du projet d’origine et pourtant si proche tant les influences folkloriques sont fortes, transfigurées par celles de la polyphonie héritée des chants grégoriens et de Palestrina.
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Rubrique : « Le saviez-vous ? »
Une – Jean-François Millet, « Angelus » (v. 1857-1859, Musée d’Orsay, Paris, détail)