11 août 1845 : par la queue ?
Instant classique – 11 août 1845… 174 ans jour pour jour. Le « diable à 4 », ce n’est pas un film d’horreur, ni une messe noire, ni un plan sexe (mais qu’allez vous donc chercher là ?). C’est un ballet d’Adolphe Adam, créé voici tout juste cent soixante-quatorze ans à l’Opéra de Paris, alors salle Le Peletier.
Et ça ne raconte pas une quelconque résurgence satanique ou les déambulations nocives et tentatrices de Mephisto, mais bien plutôt l’histoire de la comtesse Berthe (ça commence mal) Polinsky, dont « diable à 4 » est le curieux surnom, assez peu engageant pour faire ami-ami. C’est une peste comme on en voit dans les fables, une méchante qui n’hésite pas à joindre le geste à la parole. Un jour, elle jette par terre un pauvre vieux mendiant et c’est tout juste si elle ne s’essuie pas les pieds sur lui. La femme d’un vannier, qui passe par là, se précipite au secours du pauvre homme. Mais voilà, pas de chance pour la mégère, le vieillard est un magicien. Il a l’idée d’inverser les rôles : la méchante devient femme du vannier (qui n’a pourtant rien demandé, le pauvre), et la gentille vannière devient comtesse. Mais c’est qu’il lui manque, son mari, et puis toutes ces fanfreluches, ces rubans, cette poudre, cet or et ces apprêts, ça ne lui plaît pas trop à la gentille. De son côté, la diablesse n’aime pas du tout sa nouvelle condition prolétarienne. Le magicien remet tout en ordre et la méchante Berthe jure qu’on ne l’y reprendra plus et qu’elle sera sage comme une image.
C’est pas un beau livret bien mièvre ça, hein ? Un grand classique ! Les librettistes de Leuven et Mazilier s’y sont mis à deux et encore, il a fallu qu’ils s’inspirent d’une pièce de Thomas Jevon, en vogue au XVIIIe siècle. Adam leur a tricoté une musique tout à fait de circonstance, plein de flonflons surannés, mais si charmants.
Charmants, les jeunes danseurs de l’Opéra de Paris ne le sont pas moins dans cette captation (un peu pirate je le crains) de la saison 2000/2001, durant laquelle des extraits de ce ballet gentillet ont été représentés et réaménagés sur une chorégraphie de Jean-Guillaume Bart. La musique est bien captée et on ne manque même rien de l’exercice préféré des spectateurs parisiens : expectorations à tous les balcons.