10 septembre 1888 : Mahler et l’obsession d’une vie après la mort
Instant classique – 10 septembre 1888… 131 ans jour pour jour. Au début de l’année 1888, Gustav Mahler entreprend l’écriture d’une seconde symphonie, qui est supposée faire suite au narratif de la première, la Titan.
Se pose comme thème la grande question : quoi après la mort ? Question qui hantera toujours Mahler, véritablement rempli de l’idée de mort et de résurrection, sous l’angle métaphysique : « Je me vois moi-même dans un cercueil, envahi de fleurs et de musique funèbre », comme il décrira le premier mouvement de sa seconde symphonie à ses amis.
Le premier mouvement, particulièrement caractéristique, sera donc une marche funèbre, qu’il conçoit d’abord comme un poème symphonique et qu’il appelle « Totenfeier », la fête des morts, inspirée par un poème d’Adam Mickiewicz, dont il reprend le titre. Ce mouvement symphonique peuplé de fantômes est achevé le 10 septembre 1888, voici juste cent trente-et-un ans, et restera quelques années dans un tiroir avant que Mahler ne reprenne la composition de sa symphonie, qui deviendra la fameuse symphonie Résurrection.
Mais avant cela, il veut tester sa partition auprès d’un maître qu’il admire, et réciproquement, le grand chef Hans von Bülow. Chez ce dernier, un jour de septembre 1891, il se met au piano et joue son « Totenfeier ». Von Bülow se bouche les oreilles : « Si ce que j’ai entendu là est de la musique, alors je ne comprends plus rien à la musique !, s’écrie le chef d’orchestre. En comparaison de ce que je viens d’entendre, Tristan me fait l’effet d’une symphonie de Haydn ! »
Mahler est dépité, mais heureusement pour nous et pour l’histoire de la musique, il ne se découragera pas et poursuivra l’écriture de sa seconde symphonie, en modifiant un peu l’instrumentation de son « Totenfeier ». Mais c’est là une autre histoire…
Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »