10 octobre 1907 : Ernö Dohnány fait sa révérence au passé
Instant classique – 10 octobre 1907… 112 ans jour pour jour. En 1907, Ernö Dohnányi a trente ans. Il est alors surtout reconnu comme un immense pianiste et effectue des tournées dans le monde entier depuis une dizaine d’années.
Alors qu’il est depuis deux ans professeur à la prestigieuse Hochschule für Musik de Berlin, il compose cinq humoresques en forme de suite. Ces courtes pièces pour piano sont normalement destinées à de la virtuosité assez joyeuse.
Ici, Dohnányi a voulu rendre hommage à des figures musicales du passé. L’œuvre commence par une marche enjouée, suivie d’une toccata, forme prisée des baroques, puis une pavane tirée de la Renaissance tout comme la pastorale (également en référence au baroque) et enfin un impressionnante fugue à quatre parties, hommage direct à Bach.
La partition est créée à Bergen voici tout juste cent douze ans, avec le compositeur au piano. C’est encore lui qu’on entend ici, dans un bis à l’issue d’un concert, plus de cinquante ans plus tard, avec la même espièglerie et sans ménagement. J’ai écouté un autre enregistrement dont l’esprit n’a strictement rien à voir et qui joue la pièce en une minute de plus !
Ici, Dohnányi martèle le discours non sans précipitation, mais il nous emmène avec lui dans une ronde folle. Ce n’est pas une ronde, puisque c’est une marche. Allons bon, assez marché, on tourne en rond. Comme cette mélodie qui va rester dans votre tête une bonne partie de la journée (ne me remerciez pas).