10 novembre 1872 : la suite ne fait pas l’Arlésienne
Instant classique – 10 novembre 1872… 147 ans jour pour jour. Le 1er octobre 1872, on donne au théâtre du Vaudeville, à Paris, une nouvelle pièce d’Alphonse Daudet, tirée des fameuses Lettres de mon moulin. Il s’agit de « l’Arlésienne », qui se gravera vite dans la mémoire populaire comme symbolisant celle dont tous parlent mais qu’on ne voit jamais.
Le théâtre avait fait appel pour la musique de scène au jeune Georges Bizet, trente-quatre ans, qui fit donc vingt-sept numéros, parmi lesquels seize mélodrames et six chœurs. Les enregistrements intégraux sont rares, mais je vous recommande chaleureusement celui de Michel Plasson à Toulouse.
Cependant, ce n’est pas cela que l’on fête aujourd’hui, mais plutôt la création de la suite d’orchestre que Bizet tire immédiatement de ces numéros. Car la pièce fait un four total, mais pas la musique. Bizet ne veut donc pas laisser passer l’aubaine d’un succès plus personnel. Cette suite, de quatre morceaux, est créée au Cirque d’Hiver, par l’orchestre Pasdeloup, il y a tout juste cent quarante-sept ans.
Le succès est bien au rendez-vous et ce n’est pas du luxe pour Bizet, qui n’en a pas compté des tombereaux, et qui mourrait à peine deux ans et demi plus tard, après l’échec de sa Carmen. On y entend donc un prélude fondé sur la célèbre « marche des rois », air archi connu de tous les enfants provençaux, suivie d’un petit menuet, d’un délicat adagietto et enfin d’un fameux carillon.
Après la mort de Bizet, Ernest Guiraud construira une seconde suite à partir du matériau de la musique de scène, en quatre mouvements aussi, dont la célébrissime Farandole.
Mais c’est la première suite que je propose ici, puisqu’elle est de la main de Bizet. Dans une interprétation assez ancienne, mais énergique (écoutez les cordes de la marche des rois) de l’orchestre de Philadelphie, dirigé par Ormandy. Son un peu précaire, mais pourtant, quelle présence !