10 novembre 1857 : la « plainte pour les héros » de Liszt
Instant classique – 10 novembre 1857… 161 années jour pour jour. Par un de ces curieux hasards dont l’Histoire a parfois le secret, il se trouve que parmi la dizaine d’œuvre dont c’est aujourd’hui l’anniversaire (dont la Force du destin de Verdi, d’ailleurs), il y a un poème symphonique de Franz Liszt, appelé Heroïde funèbre, de circonstance, à la fois pour les moments actuels souvent si mortifères mais aussi parce qu’on approche, à Paris, d’un triste anniversaire.
Autre hasard, ce vaste mouvement symphonique était à l’origine, trente ans avant sa création, un simple projet destiné à constituer le 1er mouvement d’une symphonie dédiée à… La Fayette. Franz Liszt laissa de son projet une partition pour deux pianos et c’est Joachim Raff qui, à la demande du compositeur dont il était l’élève, orchestra le morceau. Le poème fut créé à Breslau il y a donc 161 ans.
C’est donc bien évidemment une longue marche funèbre, avec tout ce qu’il faut dedans de noirceur et de lugubre, avec tout de même une phase plus sereine au centre de l’œuvre. Mais, implacable, la marche funèbre revient et s’impose.
Dans une préface sur une édition de la partition, la princesse Wittgenstein, que Liszt avait songé à épouser, avait ainsi écrit : « Ce chant nous remplit d’effroi et nous fait trembler, que l’affligé soit le bon ou le méchant, le vainqueur ou le vaincu, le sage ou le fou, le fort ou le faible ». Une œuvre idéale pour les lendemains qui déchantent.