10 mars 1888 : César Franck = infâme wagnériste ?
Instant classique – 10 mars 1888… 131 ans jour pour jour. C’est à partir des Métamorphoses d’Apulée (où, comme dans celles d’Ovide, les personnages se transforment en animaux) et en particulier du célébrissime récit d’Amour et de Psyché, que César Franck compose une partition qui à l’origine est conçue pour orchestre et chœur, ce dernier commentant l’action comme dans le théâtre classique.
Écrit durant l’été 1887, ce poème symphonique, assez long pour ce type de structure (45 minutes), est créé à Paris par l’orchestre Pasdeloup avec le compositeur à la baguette, à la Société nationale de musique dont Franck était le président depuis l’année précédente, à l’issue d’un bras de fer avec Camille Saint-Saëns, qui avait claqué la porte. Pourquoi ? Parce que César Franck était accusé, avec d’autres, de vouloir faire venir de la musique « étrangère », alors que la SNM avait été créée pour promouvoir les compositeurs bien français et en particulier en forte opposition à tout ce qui pouvait venir d’Allemagne. Il faut dire que la SNM avait été créée en 1871….
Du coup, la partition de César Franck subira de la part de ses détracteurs l’accusation alors infamante pour une partie de la critique française de « wagnérisme ».
Presque jamais jouée aujourd’hui (ou alors sans les chœurs), cette œuvre est l’une des plus belle de son auteur, même si les paroles du chœur, de Sicard et de Fourcaut, sont totalement niaises.
César Franck aime en particulier sublimer dans sa musique le sentiment amoureux et c’est pourquoi j’ai choisi ici les deux derniers numéros de la partition : les souffrances et plaintes de Psyché et le finale, dans lequel Éros pardonne à son amante et emmène Psyché avec lui dans les cieux. “Happy end” magnifié par l’orchestre.