10 décembre 1919 : dans la hotte de Claude Debussy
Claude Debussy compose une Boîte à joujoux, un ballet pour marionnettes sous forme d’histoire d’amour entre un soldat et une poupée. Une partition typiquement faite pour Noël et qui célèbre son 102e anniversaire… alors, profitons-en !
Début 1913, André Hellé, illustrateur de livres pour enfants, demande à Claude Debussy de participer à un projet de ballet pour marionnettes. Le compositeur accepte, et même avec un vif intérêt, cherchant à être « clair et même amusant, sans pose et sans inutile acrobatie ». Ce sera la Boîte à joujoux.
Il termine la partition pour piano en octobre suivant et commence à l’orchestrer. La guerre et la maladie interrompent sa progression et, lorsqu’il meurt en 1918, elle n’est pas achevée. C’est son ami et disciple André Caplet (qui orchestrera aussi avec talent d’autres œuvres, dont Children’s corner), qui termine la partition d’orchestre. Ce petit ballet est créé voici juste cent deux ans aujourd’hui au théâtre lyrique du vaudeville (ça existait) sous la direction de Désiré-Emile Inghelbrecht. Hellé a dessiné les décors mais le ballet est dansé par des professionnels adultes et non par des marionnettes, ce qui aurait beaucoup déçu Debussy, qui avait vraiment conçu sa musique pour elles et avec elles en tête.
Le livret de cette Boîte à joujoux est – évidemment – une histoire d’amour mettant en scène petits soldats de bois, polichinelles et poupées. L’une d’entre elles soigne un petit soldat blessé et l’aime. Il y a quatre parties principales avec un prélude et un épilogue : le magasin de jouet, le champ de bataille, la bergerie à vendre et un dernier morceau intitulé « Après fortune faite ». Cette dernière permet de retrouver le soldat et la poupée vingt ans après leur union et entourés de leurs enfants.
Debussy y déploie sa palette en faisant mille clins d’œil à ses propres œuvres (Children’s corner justement) ou à d’autres : on entend par exemple la marche du Faust de Gounod ou « il pleut bergère ». Dans la dernière partie, on entend une polka empruntée à un compositeur que Debussy a voulu un peu pasticher et tout finit par un sommeil réparateur après la fête, bouclant la boucle. On voit peu ce petit ballet sur scène de nos jours et, disons-le, c’est bien dommage, car ça changerait un peu du sempiternel (même si sublime) Casse-Noisettes à Noël…
Il y a plus de soixante ans, Ernest Ansermet enregistrait l’intégralité du ballet avec son orchestre de la Suisse romande.
Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »