Politique culturelle en Occitanie : les ADDA au cœur du dispositif
Les Agences Départementales pour le Développement des Arts (ADDA) sont un maillon important pour la culture au sein des collectivités territoriales. Elles remplissent leur mission en faveur des politiques culturelles en se plaçant résolument du côté des artistes et en favorisant l’éducation artistique. L’Occitanie compte pas moins de sept ADDA. Profession Spectacle a mené son enquête auprès de plusieurs d’entre elles…
Quelles sont les missions d’une ADDA ?
Le cœur de mission des Agences Départementales pour le Développement des Arts (ADDA) est la mise en réseau, essentiellement régionale et départementale, grâce à une plate-forme polyvalente : réflexion sur les politiques culturelles, formations diverses, accompagnement des artistes en fonction de leurs projets…
Des partenariats toujours plus nombreux avec des établissements culturels, éducatifs et sociaux apportent par ailleurs à chaque artiste la possibilité d’accroître sa présence sur le territoire. Relais de l’État et de la région quant à l’éducation artistique et culturelle, les ADDA assurent des interventions artistiques dans les collèges, les lycées, mais aussi les écoles d’art. C’est pourquoi elles accompagnent – financièrement et structurellement – les artistes lors de leurs interventions.
Principalement financées par l’État, la région et le département, elles bénéficient également d’apports ponctuels selon leurs partenariats. Leur politique est généralement de ne pas dépasser les 50 % du budget dévoué au fonctionnement afin d’aider au mieux les intermittents.
Le Lot mise sur le réseau des bibliothèques
« On développe des partenariats avec les saisons culturelles du département et, selon les projets, on redirige les artistes vers les programmateurs susceptibles d’être intéressés », explique Stéphanie Landes, directrice. En décembre dernier, l’ADDA du Lot a rassemblé 80 professionnels afin de leur présenter des projets en création ou diffusion. Rayonnant sur l’ensemble du Quercy, l’agence n’est d’ailleurs jamais à court de projets : elle réalise en ce moment le recensement des compagnies lotoises, afin que le département soutienne le plus efficacement leur activité.
Côté programmateur – Elle oriente les collectivités pour établir des « programmations culturelles équilibrées tant géographiquement que substantiellement ».
Côté artiste – L’agence organise par exemple des lectures en bibliothèque par des compagnies de théâtre, anime la formation des bibliothécaires à recevoir les artistes et accompagne chaque année une compagnie auprès de structures scolaires : intervention dans les classes, représentations… Pourquoi cet intérêt particulier pour les bibliothèques ? L’enjeu est de « créer des espaces pour que les compagnies puissent rencontrer le public. Les bibliothèques peuvent être un réseau de diffusion ».
Big bang des Arts dans le Tarn-et-Garonne
Hébergés à l’hôtel de région de Montauban, sept responsables reçoivent les artistes selon leurs disciplines et/ou la demande. Leur communication est surtout numérique. Annabelle Couty, directrice de l’ADDA 82, explique avec motivation qu’elle souhaite « faire comprendre aux élus l’importance de faire intervenir des professionnels de la culture, même si ça a un coût ». Elle présente des projets comme Enfanfare : cette initiative permet de former les enseignants du département à une nouvelle manière de diriger sans partition mais par les gestes (cf. Photo de Une). L’agence coordonne les formations, les ateliers, ainsi que le travail de diffusion d’une tournée.
À l’initiative du festival Big bang des Arts, l’agence valorise tous types d’artistes : troupes, groupes, amateurs du conservatoire ayant pour projet un spectacle… Avec un budget de 520 000 €, l’ADDA 82 se permet même d’accompagner des projets créatifs et audacieux : cette année, une compagnie monte un opéra avec des personnes handicapées.
Des arts bien vivants dans l’Aude
L’agence Arts vivants 11 est installée à Carcassonne, d’où elle rayonne sur l’ensemble du territoire, par la communication sur internet et par des déplacements auprès de ses partenaires. Une restructuration du projet en 2015 a dégagé 3 axes :
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le développement territorial de la présence artistique
Outre des partenariats, l’agence cherche à renforcer son rôle d’interface entre les politiques, les artistes et les représentants des milieux éducatifs. Plusieurs résidences artistiques – pour la musique et la danse – ont par ailleurs été mises en place.
- la formation et l’accompagnement des équipes
L’enjeu est d’inscrire le développement des artistes dans une perspective géographique. L’agence accompagne par ailleurs les artistes, de la constitution d’un dossier à la proposition d’une compétence particulière. L’élaboration d’un nouveau projet de formation continue est en cours, afin de répondre au mieux aux différents besoins des artistes.
- une meilleure circulation de l’information
Nombre d’artistes ignorent par exemple les mesures prises par les élus ! Arts vivants 11 se veut une ressource fiable et complète de tout ce qui se fait dans l’Aude, par une veille constante et la mutualisation de l’information.
La Lozère croise les scènes et les résidences
L’organisation de Scènes croisées en Lozère est fortement conditionnée par la géographie même du territoire, constitué de belles moyennes montagnes : l’Aubrac, les Cévennes, la Margeride et les Causses.
Nicolas Blanc ne nous cache pas avoir un intérêt particulier pour les sujets de société. Avec son budget autour de 900 000 euros (50 % pour l’action et 50% pour le fonctionnement), le directeur des Scènes croisées souhaite travailler « sur une tentative de permanence artistique sur le territoire » (80 représentations en moyenne), en soutenant la création des compagnies émergentes : mise en place du projet, sécurité, conditions techniques et financières pour la tournée, partenariats envisagés, lien avec le territoire, communication… tout comme un théâtre le ferait !
Tous les trois ans, l’agence accueille une équipe artistique et met un lieu à sa disposition : deux projets sont créés, nourris par les partenaires territoriaux. L’an dernier, la compagnie Interstices a ainsi pu monter, avec les abattoirs de Marvejols, une pièce de Brecht : Sainte Jeanne des Abattoirs. Nicolas Blanc évoque d’autres résidences, dans ce lieu et dans d’autres, comme celle – étonnante – d’une compagnie dans un hôpital psychiatrique : divers ateliers sont menés, jusqu’à la soirée Trait d’Union qui constitue le point d’orgue de l’initiative.
Le Tarn privilégie l’approche pluriculturelle
L’agence ADDA 81 est installée à Albi mais sa salle de spectacle, « c’est le département » : la Maison de la Musique à CapDécouverte, la Scène Nationale d’Albi, l’espace Apollo à Mazamet… Thierry Morlet défend une approche transversale des activités : « On essaie de faire converger l’ensemble des ces disciplines dans nos partenariats », confie le directeur de l’agence.
Une fois entrés en contact avec cette dernière, les artistes sont dirigés vers les différents chargés de mission qui inscrivent leurs projets artistiques dans le territoire : stage de formation professionnelle, parcours d’éducation artistique, présentation de leur projet monté, intervention en écoles…
Doté d’un budget de 800 000 euros (60 % de masse salariale fixe et 40 % pour le financement des acteurs culturels), l’ADDA 81 multiplie les initiatives. Avec pas moins de 170 partenariats signés, l’agence a ainsi pu accompagner une cinquantaine d’artistes en 2015 : « L’important est de comprendre que tout est relié, précise Thierry Morlet. Chaque artiste est accompagné pour s’impliquer dans le territoire ». Dans le domaine de la musique, l’agence a mis en place le Forum des musiques actuelles (FOMAC), journée de speed dating – showcase pour favoriser les rencontres entre programmateurs et équipes artistiques.
Joséphine RABANY
(Correspondante Occitanie)
Photo de Une : Enfanfare.