La culture selon… Benoît Hamon
Après avoir passé avec succès l’épreuve des primaires du Parti Socialiste, Benoît Hamon se prépare à affronter le premier tour des présidentielles avec un programme ambitieux. Seul candidat à avoir pris de son temps télévisuel pour parler de Culture, le député des Yvelines envisage celle-ci comme LA FONDATION DU LIEN SOCIAL.
Ses propositions se regroupent en 3 axes :
- La revalorisation des artistes et de leur régime,
- un changement de paradigme par l’affirmation des droits culturels
- et la vision claire d’une « société culturelle » co-construite et pluraliste.
La question du budget de la culture est, bien sûr, le premier élément de comparaison entre les candidats à l’élection présidentielle. Là où certains concurrents proposent une « sanctuarisation » à 1 % du budget de l’État, Benoît Hamon souhaite consacrer 1 % du PIB à la culture ! Soit 20 milliards d’euros, au lieu de 7,3 !
CHAPITRES
I. Revalorisation des artistes et de leur « statut »
II. Un principe fort : les droits culturels
III. Une société culturelle et pluraliste
IV. Conclusion
Revalorisation des artistes et de leur « statut »
La défense de tous les artistes est, à ce jour, son engagement le plus visible : Benoît Hamon lui a en effet consacré sa « carte blanche » lors du débat du second tour des primaires.
Première mesure : la création d’un statut spécifique aux artistes – statut est le terme malheureux employé par Benoît Hamon pour parler du régime d’assurance-chômage.
Ce « statut », donc, ne remettrait évidemment pas en question le régime des intermittents et permettrait à ceux qui n’opèrent pas dans les secteurs du spectacle et du cinéma de disposer eux aussi d’une couverture sociale.
Pour aller plus loin dans la protection des créatifs à l’heure du numérique, Benoît Hamon souhaite aussi mettre en place une « plate-forme publique » de contenu culturel, ainsi qu’un renforcement de la protection de la rémunération des artistes, dans la lignée de la « taxe Youtube ».
Enfin, la création d’un visa spécifiquement destiné aux artistes viserait à favoriser les échanges culturels internationaux et le rayonnement de la culture française dans le monde.
Un principe fort : les droits culturels
Mais le noyau des politiques culturelles dessinées par Benoît Hamon est plus large encore : il réside dans sa conception même d’une « société culturelle ». Il envisage la culture comme facteur d’émancipation et de lien social. Plusieurs mesures vont en effet dans le sens d’un important changement de direction pour les politiques culturelles.
La première mesure, et peut-être la plus signifiante, est la référence aux droits culturels, souvent méconnus voire incompris. Ils sont pourtant inscrits dans la loi : ils poussent l’État à redéfinir son champ d’action vis-à-vis des collectivités locales et de la société civile.
Une société culturelle et pluraliste
Le principe des droits culturels implique, pour Benoît Hamon, une société culturelle et pluraliste.
Son application pourrait passer, selon le candidat socialiste, par la création de fabriques de culture, des lieux qui porteraient des projets artistiques élaborés conjointement par les collectivités locales, le secteur culturel, les associations et les fondations.
Sur le plan international, Benoît Hamon souhaite une politique culturelle « ambitieuse » à l’échelle de l’Europe. Comment ? Rien ne nous est dit concrètement à ce sujet. Seule est évoquée la création d’un « Pavillon de la langue française », dans l’idée de promouvoir le multilinguisme et la langue française dans le monde.
Concernant le soutien à l’audiovisuel, Benoît Hamon ne dit rien d’un éventuel élargissement du crédit d’impôt cinéma. En revanche, quatre pistes sont proposées : augmentation de la contribution des chaînes à la création, retour à une TVA à taux réduit pour le cinéma, renforcement du soutien aux salles et modernisation numérique.
La réaffirmation de l’importance du service public en matière de télévision serait aussi assurée par la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, marronnier de la vie politique, ainsi que par la réalisation en interne de programmes éducatifs et culturels.
Enfin, une société culturelle et pluraliste comporte une dimension émancipatrice. Deux mesures annoncées par Benoît Hamon sont spécifiquement dirigées vers les jeunes : d’une part la création d’un « Passeport Culture » pour les 12-18 ans, qui leur permettrait l’accès aux cinémas, concerts, expositions et pièces de théâtre ; d’autre part la mise en place d’un programme « Art pour tous à l’école », en partenariat avec les collectivités locales.
CONCLUSION
Pour conclure… Reconnaissons-le d’emblée, Benoît Hamon fait preuve d’une véritable vision concernant les politiques culturelles, enracinée dans la doctrine traditionnelle de la gauche concernant l’éducation artistique et la défense des artistes. Reste à savoir, non seulement comment il compte appliquer ses mesures, mais également si elles sont concrètement réalisables – deux points sur lesquels il est encore bien flou. Sa reconnaissance des capacités émancipatrices et sociales de la culture, ainsi que sa volonté de lutter contre les inégalités culturelles en approfondissant le rôle des services publics, sont néanmoins autant d’axes intéressants.
Benoît Hamon devra toutefois défendre sa vision, tant politiquement, contre le bilan de François Hollande, que financièrement, au regard des importants engagements de son programme qui induisent de lourdes dépenses.
Retrouvez tous les épisodes de notre série :
« La culture selon… » est une série vidéo de Profession Spectacle, lancée en mars 2017. En 3 à 5mn, nous vous proposons de découvrir la vision culturelle de personnalités politiques, leurs déclarations, leur bilan…
Concept, design et réalisation : Maïlys Gelin et Maël Lucas.
Conseils : Pierre Gelin-Monastier
AIDEZ LA PRESSE INDÉPENDANTE
ABONNEZ-VOUS A NOTRE CHAÎNE YOUTUBE