De la Corse à Nantes : des initiatives culturelles controversées

De la Corse à Nantes : des initiatives culturelles controversées
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La problématique des collectivités locales et territoriales entre naturellement en résonnance avec la question du soutien de l’État, évoquée dans notre premier volet. L’évaluation économique des politiques publiques du secteur culturel ne peut faire l’impasse sur les régions, les départements et les villes, à l’heure d’une décentralisation croissante. Toutefois les analyses se font curieusement plus timides, voire floues : y aurait-il un loup ?

Deuxième volet de notre synthèse sur le rapport du Deps intitulé : Évaluer les politiques culturelles.

L’Enquête corse

« Les collectivités territoriales suscitent encore relativement peu de recherches universitaires sur les voies, les moyens et les effets de l’action publique locale dans le domaine culturel », déplore Emmanuel Wallon dans son article intitulé L’évaluateur évalué, ou les politiques culturelles territoriales au miroir, ce qui peut expliquer pourquoi le Pass Cultura, initié en 2008 par la collectivité territoriale de Corse continue d’exister, et même de coûter de plus en plus cher à la collectivité, en dépit de son effet pour le moins contestable sur l’accès à la culture pour les jeunes Corses.

En effet, ce pass gratuit d’une valeur de 75 € a pour objectif d’inciter les jeunes insulaires à se rendre dans les musées, à des manifestations culturelles, ou d’acheter des livres, des disques, etc. Or, on remarque que, dans la plupart des cas, et malgré les efforts de communication déployés par la collectivité territoriale corse, ils servent à acheter les livres scolaires, souvent sur les conseils des professeurs. Ce qui revient, pour la collectivité, à subventionner l’achat des manuels scolaires et des livres commandés par les professeurs.


Lire la première partie de notre synthèse
Inefficacité du soutien de l’État aux initiatives locales


Nantes et son rêve de la culture en partage

Dans le chapitre des initiatives aux effets douteux, se trouve aussi le cas d’« Art en partage », un dispositif de création partagée au titre de la politique de proximité culturelle. Cette initiative est due à la ville de Nantes. Elle a pour objectif d’associer les citoyens aux décisions politiques prises dans le cadre de la création et de l’animation culturelle.

Mais la conclusion de cette initiative participative est pour le moins mitigée. Travail laborieux, flou, incompréhensible, mécontentement des professionnels de la culture, délicate et difficile répartition des tâches, l’initiative de démocratie participative est un four, en dépit des propos lénifiants sur ses bonnes intentions, dont nous gratifient les auteurs de l’enquête.

Crainte et tremblement

Plusieurs chapitres de ce rapport ne sont, d’ailleurs, qu’un long jargonnage sur des initiatives mises en place et dont il est encore trop tôt pour tirer des leçons, et n’apportent donc par grand-chose. Ainsi, pourquoi ce chapitre consacré au cas de Little Kids Rock, si c’est pour nous dire en conclusion qu’on ne peut rien en dire ?

Et celui sur l’évaluation du projet Démos, qui n’ose pas tirer ses propres conclusions. À savoir que lorsqu’il s’agit d’initiatives publiques destinées aux enfants des quartiers dit défavorisés en France, il paraît interdit de laisser paraître la moindre critique négative. Donc de tirer la moindre conclusion sur l’efficacité ou l’inefficacité d’une politique publique coûteuse. L’auteur du rapport, Cécile Martin, directrice des études à l’Observatoire des politiques culturelles, semble tant vouloir éviter d’évaluer le projet Démos, ce qui est pourtant l’objet de son étude, qu’elle se perd dans un laïus insensé.

Matthieu de GUILLEBON

 Lire aussi :


N.D.L.R. Profession Spectacle publie ici une synthèse en trois parties d’un rapport officiel qui porte sur l’évaluation des politiques publiques, non de la culture (comme le titre le suppose), mais du secteur culturel. L’approche est donc essentiellement économique et ne couvre pas les différents enjeux liés à la culture.

 

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