Bernard Falga, DRAC Bourgogne : « Revitaliser le territoire, c’est aussi ça notre mission »
Quarante ans après leur création, les directions régionales des affaires culturelles sont confrontées à un nouvel enjeu de taille : la conduite d’une action culturelle dans des régions recomposées et, pour la plupart, agrandies. Il en est ainsi de la DRAC Bourgogne-Franche-Comté, qui espère bien profiter de cet élargissement pour favoriser la mise en place de nouveaux projets d’envergure, telle la création de deux nouveaux labels nationaux, dédiés aux musiques symphoniques et lyriques.
Rencontre avec Bernard Falga, directeur régional des affaires culturelles en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2015.
La création de deux nouveaux labels
Ce sera une première pour le territoire de Bourgogne-Franche-Comté qui pourrait bien voir se créer, dans les deux ans à venir, deux nouvelles grandes structures en région : un Orchestre National d’une part et un Opéra National d’autre part. Le directeur régional des affaires culturelles, Bernard Falga, et ses équipes travaillent sur ce dossier depuis un an et demi, en collaboration avec le conseil régional.
« Bien sûr, et cela a été dit lors des différentes polémiques qui ont accompagné la réforme territoriale, mettre ensemble deux pauvres ne fait pas un riche, s’exclame Bernard Falga, non sans un brin humour. Ce n’est pourtant pas complètement vrai car, parfois, mettre deux petites régions ensemble permet la création de grandes structures. »
Jamais deux régions modestes comme celles-ci n’auraient pu isolément prétendre à cela, mais leur réunion donne lieu à un ensemble plus important, placé au carrefour de l’Île-de-France, la Suisse, l’Alsace-Lorraine et l’Auvergne-Rhône-Alpes. « Du point de vue de la culture, alors que l’Alsace-Lorraine ou encore la région Auvergne-Rhône-Alpes, bénéficient de plusieurs millions d’euros pour soutenir les ensembles musicaux, la Bourgogne-Franche-Comté n’en reçoit même pas un million, poursuit le DRAC de la région. Peut-être qu’avec deux millions et demi d’habitants, cette nouvelle densité démographique sera suffisante vis-à-vis de Paris pour mettre en place ces deux labels et bénéficier de subventions nationales. »
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Une double exigence : « pérenniser les emplois artistiques et irriguer le territoire »
« C’est là que notre action est intéressante et difficile – comme tout ce qui est intéressant. En effet, il faut soutenir ce type de grosses structures et faire que celles-ci puissent en même temps profiter à tout le territoire. » Ces deux nouveaux ensembles permettraient de pérenniser l’emploi artistique, avec des artistes à demeure : quelque 70 musiciens permanents pour l’Orchestre National et une vingtaine de choristes pour l’Opéra National.
Si, d’après Bernard Falga, ce type d’entreprise met du temps à voir le jour, le directeur régional ne cache pas son enthousiasme concernant cette valorisation des musiques symphoniques et lyriques, qui participent pleinement à l’objectif de démocratisation culturelle qui est la priorité numéro 1 de la ministre de la culture.
« Nous aurons la chance de pouvoir associer à ce projet des structures régionales comme l’Ensemble Justiniana, basé en Haute-Saône et mené par l’artiste et metteure en scène de renommée internationale, Charlotte Nessi. » Don Juan, sa dernière création hors-les-murs, fut notamment représenté tout au long du mois d’août dernier dans de charmants villages tels que Pesmes ou encore Vézelay. Ses opéras promenades mêlent pratiques professionnelles et amateurs, tout en faisant participer les habitants comme figurants.
« Revitaliser les villages, en lien avec les villes… C’est aussi ça l’esprit qui nous guide dans notre travail, afin que chacun ne reste pas dans son coin », explique Bernard Falga, enthousiaste, montrant par là qu’il peut se créer une réelle synergie entre les huit départements.
Morgane MACÉ
Correspondante Bourgogne-Franche-Comté
Crédits photographies : DRAC Bourgogne-Franche-Comté