20 réalisateurs géniaux qui n’ont jamais reçu un seul Oscar…
À tous les réalisateurs qui rêvent de recevoir un Oscar mais ne le recevront jamais, nous leur disons : bravo ! Vous venez de rejoindre un autre panthéon, celui des laissés-pour-compte, des oubliés statufiés, des inconnus aux lauriers. Dans l’ombre des projecteurs américains se cachent en effet de nombreux réalisateurs. Il y a ceux qui peuvent encore espérer la statuette et ceux pour qui c’est bel et bien terminé. Et parmi ses derniers…
Liste de 20 réalisateurs géniaux qui n’auront ainsi jamais reçu d’Oscar…
Cecil B. DeMille (1881-1959)
Il fut nominé une seule fois, pour Sous le plus grand chapiteau du monde (The Greatest Show On Earth) en 1953.
Charlie Chaplin (1889-1977)
Charlie Chaplin a réalisé onze longs-métrages, qui sont presque tous des chefs d’œuvre dans leur genre. Mais, auteur d’une cabale menée par le FBI, Charlie Chaplin fut longtemps exilé en Angleterre, sa patrie d’origine. Ceci explique peut-être cela : il ne fut jamais nominé. Pire encore, ses films ne reçurent presque aucune récompense dans le monde, pendant des dizaines d’années. Il y eut certes un premier Oscar d’honneur en 1929, pour ses premiers films muets (aucun ne fut récompensé directement), et puis silence. Ce n’est qu’à la fin de sa vie que tous se rappelleront cet oubli. L’Académie, quant à elle, répare son erreur en 1972 en lui décernant un Oscar d’honneur.
Fritz Lang (1890-1976)
Un peu Allemand, un peu Autrichien, un peu Américain, le moins que l’on puisse dire est que Fritz Lang allie les cultures. Sa période cinématographique la plus connue est la première. Alors que le réalisateur réside en Allemagne, il signe Metropolis en 1927, M le maudit en 1931 ou encore Le Testament du docteur Mabuse en 1933. Et pour tous ses chefs-d’œuvre, non seulement il ne reçut pas d’Oscar, mais il ne fut encore jamais nominé. À croire que Le Mépris était effectivement un film dans lequel son propre rôle avait du sens…
Ernst Lubitsch (1892-1947)
À trois reprises, le réalisateur américain d’origine allemande fut pressenti à l’Oscar du meilleur réalisateur, lorsqu’il réalisé Le Patriote (1928), Parade d’amour (1929) et Le ciel peut attendre (1943). En 1947, Ernst Lubitsch a tout de même reçu un Oscar d’honneur, récompense qui a précédé de peu sa mort, la même année.
Buster Keaton (1895-1966)
Il en fut de Buster Keaton comme de Charlie Chaplin, ami et autre génie du cinéma muet, qui ne reçut un Oscar d’honneur qu’en 1959, pour l’ensemble de sa carrière. Une scène réunit ses deux génies du cinéma : dans Les Feux de la rampe, ils accomplissent un numéro tendre et comique, qui célèbre une époque tout en annonçant son irrémédiable fin.
Howard Hawks (1896-1977)
Ses films figurent encore parmi les grands classiques du cinéma : Scarface (à en pas confondre avec le remake de Brian de Palma, avec Al Pacino dans le rôle de Tony Montana), L’Impossible Monsieur Bébé, Les hommes préfèrent les blondes, Rio Bravo… Il ne fut nominé à l’Oscar du meilleur réalisateur pour aucun d’entre eux, mais pour un film considéré aujourd’hui comme mineur dans sa filmographie : Sergent York, en 1941.
Alfred Hitchcock (1899-1980)
Oui, c’est possible ! Le grand maître du suspense, génie acclamé dans le monde entier tant par les experts que par le grand public – fait suffisamment rare pour être noté -, n’a jamais été récompensé d’un Oscar. Il compte néanmoins à son palmarès de l’ombre cinq nominations : en 1940 pour Rebecca, en 1944 pour Lifeboat, en 1945 pour La Maison du docteur Edwardes (Spellbound), en 1954 pour Fenêtre sur cour (Rear Window) et en 1960 pour Psychose.
Otto Preminger (1905-1986)
Le plus américain des Autrichiens a été nominé pour Laura (1944), avec la ravissante Gene Tierney, et Le Cardinal (1963).
Stanley Kramer (1913-2001)
Stanley Kramer, moins connu en France, fut pourtant un réalisateur acclamé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, comme en témoignent ses trois nominations aux Oscars : La Chaîne (The Defiant Ones) en 1958, Le Jugement de Nuremberge en 1961 et Devine qui vient dîner ? (Guess Who’s Coming To Dinner) en 1967.
Orson Welles (1915-1985)
Il est régulièrement cité en tête des plus grands chefs-d’œuvre cinématographiques de tous les temps : Citizen Kane. S’il reçut, en 1942, l’Oscar du meilleur scénario original, il n’obtint pas celui du meilleure film, et Orson Welles lui-même repartit bredouille. L’histoire traçant sa route, l’œuvre fut reconnue « meilleur film de tous les temps » en 1997 et en 2007 par l’American Film Institute, et en 2002 par la revue britannique Sight and Sound du British Film Institute.
Ingmar Bergman (1918-2007)
Le génie suédois, reconnu aujourd’hui comme l’un des plus grands réalisateurs que le monde ait connu, fut nominé deux fois, sans jamais empoigner la statuette. Les œuvres qui lui permirent de concourir un temps à l’Oscar du meilleur réalisateur sont Cris et chuchotements en 1972 et Fanny et Alexandre en 1982.
Federico Fellini (1920-1993)
Au génie suédois oublié répond le maestro italien Frederico Fellini : quatre nominations, aucune récompense ! Il fut nominé à la réalisation pour La Dolce Vita (1960), 8 1/2 (1963), Satyricon (1969) et Amarcord (1973).
Arthur Penn (1922-2010)
Est-ce parce qu’il ne cessa de se battre avec les studios qu’Arthur Penn ne fut jamais récompensé ? Ses films firent pourtant l’unanimité, notamment les trois œuvres qui amenèrent à sa triple nomination en 1962 pour Miracle en Alabama (The Miracle Worker), en 1967 pour Bonnie & Clyde et en 1969 pour Alice’s Restaurant. Il eut droit à son lot de consolation en 2007 : un Ours d’or d’honneur à la Berlinale.
Sidney Lumet (1924-2011)
Sidney Lumet est le Raymond Poulidor du cinéma : toujours sur les rangs, (presque) jamais récompensé ! Il a ainsi été nominé quatre fois pour la Palme d’or, quatre fois pour l’Oscar du meilleur réalisateur et six fois aux Golden Globes ! Au final : un Golden Globes remporté pour Network, main basse sur la télévision (Network). Il échoua à l’Oscar avec ce même film en 1976, de même qu’il ne conquit pas la statuette pour Douze hommes en colère (1957), Un après-midi de chien (1975) et Le Verdict (1982). Allez, pour réparer cet oubli, l’Académie lui décerne un Oscar d’honneur en 2005 pour ses « brillants services rendus aux scénaristes, acteurs et à l’art du cinéma » (sic).
Robert Altman (1925-2006)
L’enfant terrible du Nouvel Hollywood a marqué de sa patte le cinéma américain, mais pas l’histoire des Oscars, sinon pour ses échecs successifs. Il fut pourtant nominé pas moins de cinq fois en trente ans : en 1970 pour MASH, en 1975 pour Nashville, en 1992 pour The Player, en 1993 pour Short Cuts et en 2001 pour Gosford Park.
Sam Peckinpah (1925-1984)
L’auteur de La Horde sauvage en 1969 ne fut jamais nominé.
Stanley Kubrick (1928-1999).
Comme plusieurs de ses prédécesseurs cités, il compte quatre nominations à son actif… pour Le docteur Folamour en 1964, 2001, l’Odyssée de l’espace en 1968, Orange mécanique en 1971 et Barry Lyndon en 1975.
Sergio Leone (1929-1989)
Mondialement connu, Sergio Leone a tout simplement… jamais été nominé. Il faut croire que le western, c’est comme le polar : un sous-genre.
John Cassavetes (1929-1989)
Amoureux de son indépendance, mari de l’éblouisse Gena Rowlands, John Cassavetes a bâti une filmographie à part dans l’histoire du cinéma. Acclamé comme un génie, il ne fut pas souvent compris par ses pairs américains, ce qui se ressent dans son palmarès finalement pauvre : une seule notation à l’Oscar du meilleur réalisateur, pour Une Femme sous influence (A Woman Under The Influence) en 1974. L’Italie et l’Allemagne réparent l’oubli, en décernant un Lion d’or à la Mostra de Venise en 1980 pour Gloria et un Ours d’or du meilleur film pour Love Streams lors de la Berlinale 1984.
Jean-Luc Godard (1930-)
Cocorico ! Ah bah, non… Jean-Luc Godard ne fut jamais nominé pour les Oscars. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir raflé des dizaines de prix en Europe : un Ours d’or, deux Ours d’argent, deux Lion d’or, de nombreux prix, etc. Seuls le festival de Cannes (six nominations pourtant !) et le jury des Oscars le boudèrent… jusqu’en 2010 : il reçu un tardif Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
Andreï Tarkovski (1932-1986)
Dès la sortie de son premier film, L’Enfance d’Ivan (1962), le réalisateur franco-italo-russe remporte le Lion d’or au festival de Venise. Une performance impressionnante, qui laisse augurer une carrière remplie de statuettes et autres prix dorés. Il n’en sera rien. Cannes lui décernera quelques prix, mais jamais sa Palme, tandis que l’Académie des Oscars le boudera de bout en bout. Est-ce la dimension spirituelle de son œuvre qui a rebuté les Américains ? Nous ne le saurons jamais. Son influence fut pourtant considérable et son talent, reconnu par des pairs outre-Atlantique : Orson Welles lui remet le prix du cinéma de création pour Nostalghia, au festival de Canns 1983.
Akira Kurosawa (1936-1993)
Le réalisateur japonais, dont les films connurent un vaste retentissement au-delà des mers bordant l’île du soleil levant, ne fut nominé qu’une seule fois, en 1985, pour Ran. Il reçut tout de même l’Oscar du meilleur film en langue étrangère avec Dersou Ouzala, en 1976. Comme à son habitude, l’Académie des Oscars va réparer son oubli en lui attribuant un Oscar d’honneur en 1990, « pour ses accomplissements qui ont inspiré, ravi, enrichi et diverti le public mondial et influencé les cinéastes du monde entier ».
Comment ça, vous comptez 22 réalisateurs mentionnés ? Eh bien, oui, les derniers sont un bonus… Mais comme il est toujours préférable de mettre « 20 » plutôt que « 22 » dans un titre, nous avons cédé à l’usage.
Et puis il y a tous ceux qui pourraient les rejoindre à nous : Jane Campion, Terrence Malick, David Lynch, Terry Gilliam, David Cronenberg, Christopher Nolan, Paul Thomas Anderson, Darren Aronofsky, David Fincher, Spike Lee… Le palmarès des réalisateurs innommables n’est pas près de s’interrompre.
Élodie NORTO