14 janvier 1900 : Puccini interprète… Sardou !
14 janvier 1900… 118 ans jour pour jour. Giacomo Puccini y pensait depuis 10 ans, depuis qu’il avait découvert l’œuvre de (Victorien) Sardou qui date de 1887. Il y pensait encore davantage après avoir vu Sarah Bernhardt jouer le rôle titre à Florence en 1895, et alors qu’il composait La Bohème. Beaucoup de tractations avaient suivi avec l’auteur, puis comme d’habitude, les deux librettistes Illica et Giacosa s’étaient disputés comme des chiffonniers avec le compositeur.
Finalement, ce 14 janvier au Teatro Costanzi, l’actuel opéra de Rome, voyait la création de celui qui reste l’un des opéras les plus célèbres et les plus populaires du répertoire : Tosca. Pas le meilleur ni le plus beau cependant, c’est entendu. Mais avec des moments de pure grâce.
Pas la peine de raconter l’histoire d’amour et de mort, ça finit très mal pour tout le monde et puis voilà.
Je n’ai pas choisi un extrait par lequel vous entendrez « recondita armonia », « e lucevan le stelle » ou « vissi d’arte », les grands tubes de l’œuvre. Ça m’aurait obligé à choisir parmi la myriade d’interprètes.
Non, j’ai choisi le finale de l’acte II, où on ne chante pas trop (et ici encore moins) et ça tombe bien : 1963, c’était un peu tard pour Maria Callas. Et puis ni Tito Gobbi ni elle n’avaient de « belles voix », c’est un vieux débat. Et pourtant quels artistes !
Il s’agit donc de la scène qui se déroule au palais Farnese, à la fin de laquelle Scarpia, le très sadique chef de la police romaine, croyant avoir enfin obtenu ce qu’il voulait (coucher avec Tosca, évidemment) en échange de la libération de l’amant de celle-ci, prisonnier de ses geôles, et du départ en exil des deux amants grâce à un sauf-conduit (promesse qui cache un piège), est tué par ce « bacio di Tosca » plongé en plein cœur. On se demande pourquoi ça l’a tué, puisque de cœur il n’avait point ! L’opéra est décidément vraiment plein d’incohérences !
Photographie de Une – Svetlana Aksenova et Claudio Sgura dans Tosca, dirigé par Karl-Heinz Steffens, mise en scène Calixto Bieito.